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Allain Leprest : Gens que j’aime - Nicolas Brulebois

lundi 1er décembre 2014


nicolas brulebois (auteur du texte)
éditeur : jacques flament editions
collection / série : figures
prix de vente au public (ttc) : 20 €
334 pages ; 20 x 14,5 cm ; broché

résumé
auteur de génie, interprète de renom. fils spirituel de brel, brassens, caussimon. méconnu du grand public et reconnu par ses pairs, loin du cliché « poète maudit » mais proche, dans son mode de vie, de la proverbiale « bohème »… allain leprest fut tout cela et bien plus encore. intronisé phare de la très exigeante chanson à textes, il est resté fidèle à son terreau initial – ces « petites gens » dont le parler irriguait ses vers, avant d’être brillamment remodelé par la grâce du style. cet alliage d’un fond d’extraction populaire et d’une forme hors du commun est la signature du poète de mont-saint-aignan.
trois ans après sa mort, alors que de nouveaux interprètes s’approprient ses inédits, nous avons rencontré certains de ses collaborateurs et amis, d’hier à aujourd’hui. romain didier, gérard pierron, didier pascalis, jehan, françois lemonnier, francesca solleville, didier dervaux, nathalie miravette, bertrand lemarchand, dominique cravic, annie & didier dégremont… compositeurs, interprètes, musiciens ou producteur, compagnons de misère ou de succès, ils ont laissé sur son œuvre une empreinte profonde ou plus souterraine – mais ont tous été marqués au fer rouge par l’irruption de leprest dans leur vie.
les douze grands entretiens réunis dans ce livre (+ une discographie critique) évoquent ces complicités d’écriture, l’accouchement d’une chanson, la mise en place d’un concert… ou les difficultés à enfermer sur disque un artiste si libre. allain leprest y apparaît loin de toute hagiographie : à la fois ange et filou, artisan de sa légende et victime de ses démons – dualité propre à la création, qui fond les œuvres essentielles au creuset des personnalités les plus paradoxales.

quelques mots sur l’auteur …
depuis quinze ans, nicolas brulebois trempe sa plume dans le vitriol (journaux satiriques) et dans le miel (revues littéraires), ou ausculte
les affres de la création (critiques, interviews).

autoportrait …
la séance a lieu fin août. le photographe, fabien montès, est un ancien camarade de régiment : nous avons fait partie des derniers appelés du contingent au début des années 2000. cette plongée dans « l’enfer vert » n’a finalement pas eu que des désavantages : au-delà de renforcer ma méfiance envers les humains en général – et les militaires en particulier – elle m’a surtout permis de rencontrer quelques belles personnes égarées comme moi dans ces tranchées virtuelles, qui comptent encore aujourd’hui parmi mes meilleurs amis (même si nous nous voyons peu, je pense souvent à eux). nous étions basés au fort d’ivry-sur-seine, et j’ignorais que j’aurais un jour à écrire un livre sur le poète emblématique de cette cité…
rentré de vacances sans les miens, pour mettre la dernière main au livre qui m’a occupé de façon intermittente toute cette année (et accessoirement : reprendre un job alimentaire, puisque l’écriture ne nourrit pas encore son homme). période étrange où je retrouve des mauvaises habitudes d’ancien célibataire adolescent attardé : plus d’horaires, de cohérence alimentaire ni sanitaire ; tout entier concentré sur ce bouquin à finir, oubliant le sommeil, le boire et le manger – ou alors par sursauts, pour ingurgiter n’importe quoi et dormir n’importe quand. réminiscence d’une lointaine époque où je vivais seul, sans cohérence et sans but.
le lieu non plus n’est pas anodin : je connais bien ces rues de pantin, pour y avoir beaucoup traîné, des années plus tôt. nous nous retrouvons au ciné 104, un de mes anciens points de chute, pour visionner le dernier hong sang soo. il y est question d’une femme revenue sur les lieux de ses errances passées pour faire le point sur elle-même… qu’importe notre désaccord sur le film : c’est l’occasion de prendre quelques clichés. je surmonte ma timidité et pose tant bien que mal. nous arpentons ensuite le quartier à la recherche d’un autre décor, plus approprié. d’abord un mur joliment décrépi (qui met en valeur ma peau joliment décrépite ?). puis un café où les clients me regardent « faire ma star » avec une moue dubitative.
j’ai beau être très en retard sur l’écriture du livre, nous prenons le temps et passons l’après-midi à bavasser entre deux shootings. c’est l’histoire du peintre qui réfléchit dix ans avant d’exécuter un croquis en quelques secondes : je peux passer un temps infini à soigner quelques lignes de création ; mais il me faut un minimum de pression pour honorer une commande. si l’éditeur est lointain (comme c’est le cas ici), se mettre soi-même en situation de danger, pour arriver à écrire sans tergiverser. ce qui sort doit mêler la profondeur d’une mûre réflexion à la fraîcheur d’un premier jet – précipité à l’instant t, minutieusement préparé. comme un tournage de cinéma. je me souviens avoir vécu la même exaltante tension – sentiment d’être pris à la gorge, qui donne des ailes et oblige à travailler avec une efficacité accrue, après des mois de notes et tergiversations – dix ou douze ans plus tôt, pour un mémoire en lettres modernes. cela s’était joliment fini. aujourd’hui, comme hier, je sais que je m’en sortirais, et que le couperet de la deadline qui approche affûtera mon écriture.
il y a, dans cet après-midi de pause et de pose, quelque chose de « modianesque », comme un retour en arrière qui m’émeut (j’ai gardé une grande tendresse pour mes années de flottement existentiel) et m’ennuie tout à la fois : l’impression de vivre une sorte de régression, inconséquence que je croyais abolie mais qui revient, malgré moi, sitôt que l’attention se relâche. comme si le mariage et la paternité n’avaient pas changé grand-chose. a arpenter ce vieux quartier, dans le même état d’esprit que quinze ans plus tôt, je me sens pris de la même disponibilité sentimentale : capable de (re)tomber amoureux, comme à l’époque, d’une mystérieuse jeune fille brune ; revivre la scène originelle et démarrer une autre vie, qui sait ?
retour sur terre. je laisse fabien choisir la photo illustrant le mieux l’idée qu’il se fait de moi. ce n’est pas celle que je préfère (il y en avait une plus souriante), mais elle sied au contenu du livre – à la fois doux rêveur et prise de tête. je trouve cette posture de main étrange : comme le pressentiment d’un bouton à percer, fleur d’adolescence tardivement éclose, à l’image du trip down memory lane de cet après-midi de fin d’été. la photo m’en rappelle une autre, prise à l’âge de 4 ou 5 ans, encore punaisée chez mes grands-parents. j’étais un enfant aux beaux yeux un peu tristes, avec le même port de tête (pas vraiment altier). un gamin prometteur. l’adulte n’a pas tenu toutes ses promesses… mais le livre est fini, et voilà l’essentiel.
(… à laurent herrou)

source : http://www.jacquesflamenteditions.com
page pour commander le livre : ici

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